jeudi 3 juillet 2008

Commander in Chief (lexique)


Les fictions présidentielles au cours des quinze dernières années (et singulièrement depuis le 11 septembre) accordent une place prééminente aux prérogatives internationales et militaires du Président des Etats-Unis. Elles mettent en scène et théâtralisent le Président dans son rôle constitutionnel de « Commander in Chief ». L
es bases de dramaturgie du Président comme Commander in Chief ont sans doute été jetées par deux films produits sous la Présidence Kennedy : « Fail-Safe » et « Dr. Strangelove ». Ces deux films placent le Président au coeur d’une crise nucléaire.

Films et séries télévisées accompagnent ainsi (et amplifient) une mutation du systéme politique américain : à travers la Guerre froide, la concentration du pouvoir nucléaire entre les mains d’un seul homme, la gestion des crises de l’après Guerre froide, puis la « guerre contre le terrrisme », le centre du pouvoir s’est déplacé vers la Maison-Blanche.

Un conflit armé en Asie centrale, un attentat terroriste au Moyen-orient, des américains blessés ou kidnappés quelque part dans le monde, une opération de paix qui tourne mal : tout remonte vers le Commandant en chef des armées. "There is a situation, Mister President". Les réunions du Conseil National de Sécurité dans la Situation Room sont un passage obligé de toute fiction présidentielle.

Une des séries TV présidentielles a d'ailleurs pour titre «Commander in chief ». On y voit une femme, la Vice-présidente, accéder à la fonction suprême, suite au décès du Président.

Presidentialité/Presidentiality (lexique)

  • Ensemble de qualités requises pour exercer la fonction présidentielle : autorité, expérience, esprit de décision, caractére, hauteur de vue…. Renvoie aussi à une maniére d’être : "Acting Presidential"
  • Notion floue, et probablement évolutive : les qualités attendues d’un Président ne sont probablement pas les mêmes avant et après Franklin Roosevelt, Kennedy ou Reagan.
  • Si la Constitution attribue au President des Etats Unis le titre et l’autorité de «Commandant en chef des forces armées » (Commander in Chief), cette dimension militaire et internationale de la « présidentialité » a pris une importance croissante avec la Seconde Guerre mondiale, puis avec la Guerre froide.
  • A distinguer peut être de la « présidentiabilité » qui désignerait les conditions et qualités à réunir pour concourir à l’election présidentielle. Présidentialité et Présidentiabilité n’en restent pas assez proches assez proches : un présidentiable doit manifester une certaine présidentialité.
  • La présidentialité est classiquement opposée à l’électabilité : il ne suffit pas d’être présidential pour être « électable ». Et inversement. On oppose tout aussi classiquement présidentialité et popularité.
Une des interrogations qui parcourt ce blog est l’influence des fictions hollywoodiennes sur le contenu et les contours de la "Présidentiality". En proposant de nouveaux modèles ou figures (Président noir ou latino, Présidente), en renouvelant l’imaginaire présidentiel, les séries TV et les films présidentiels contribuent probablement à remanier et rédéfinir les composantes de la présidentialité .

A noter que la notion de présidentialité est entrée en France dans le langage courant en 2007. Interrogé sur les causes de l’échec de Ségolene Royal en 2007, Laurent Fabius mentionnait, dans une interview au Monde le 27 juin 2007, un « triple déficit est apparu : présidentialité, crédibilité, collégialité. ».
En mars 2008, après une brutale chute de popularité, Nicolas Sarkozy aurait entrepris de "restaurer sa présidentialité ».