mardi 30 septembre 2008

Les Présidents de fiction préfèrés d'Obama et McCain

Le public comme les analystes tentent de cerner la personnalité des deux hommes susceptibles d'occuper bientôt le bureau ovale du président des Etats-Unis. Les livres qu'ils lisent («Dites-moi ce que vous lisez, je vous dirai qui vous êtes »), la musique qu'ils écoutent, les films qu'ils aiment... On savait, par exemple, qu'Obama est un fan de la série The Wire.

Entertainment Weekly a interrogé les deux (principaux) candidats à propos de leurs goûts en matière de culture populaire. On y apprend que Barack Obama apprécie le Parrain de Coppola, 'M*A*S*H,'' ''The Dick Van Dyke Show'' (ainsi que Frank Sinatra et Sheryl Crow) et John McCain ''Viva Zapata!,'' Indiana Jones, ''Seinfeld,'' ''The Wire'' (ainsi que Roy Orbison et Usher). On ne saura jamais si ces réponses sont spontanées ou si elles sont été lissées par les spin doctors.

Entertainment Weekly leur a aussi demandé leur "Président de fiction" préféré.

Barack Obama cite Jeff Bridges, le Président Jackson Evans dans The Contender de Rod Lurie (Manipulations), un film de 2001. "Ce fut un grand président au cinéma. Plein de charme, il se comporte de honorable. Il a une maniére unique de commander des sandwichs". A première vue, le personnage de Jackson Evans est aux antipodes de Barack Obama. Politicien chevronné, très direct, bon vivant, boulimique (il enfourne d'énormes Club sandwiches), il joue de son charme mais peut être rude et même brutal.

Le choix d'Obama n'en est pas moins intéressant, quant à la vision qu'il se fait (le "caractére") d'un "bon Président".

Dans le film de Rod Lurie, le Président Jackson Evans doit désigner un vice-président pour succéder à celui qui vient de mourir subitement.
Il désigne une femme, la sénatrice Laine Hanson (Joan Allen). Fille de parlementaire, elle réunit toutes les qualités requises. Le leader Républicain au Sénat, Shelly Runyon (Gary Oldman) entreprend d' empêcher sa désignation. Il va jusqu'à exploiter des photos compromettantes de celle-ci, jeune étudiante, au beau milieu d’une partouze. Laine Hanson, sommée de s’expliquer mors d'une audition publique refuse refuse de s’expliquer sur des aspects de vie privée qui, estime-t-elle, n’ont pas à être mélangés à sa vie publique. Malgré le scandale , le Président Jackson Evans révèle de surprenantes qualités morales, maintenant jusqu'au bout son soutien et sa confiance à la sénatrice, malgré le silence obstiné dans lequel elle s'enferme, et l'impasse dans laquelle elle le place. (Obama a rencontré une fois Rod Lurie : il lui avait confié, en privé, l'affection qu'il éprouvait pour Jackson Evans-Jeff Bridges.)


John McCain, pour sa part, affiche sa préférence pour le Président de 24 heures, David Palmer. "Il est fabuleux. Il doit prendre des décisions difficiles, il assume, il est prêt à sacrifier son intérêt au nom de l'intérêt du pays."

Spontané ou calculé, le choix est habile. McCain cultive son côté indépendant et "franc-tireur" en retenant un Président à la fois noir et démocrate. Suspecté d'être colérique et va t'en guerre ("Bomb bomb Iran"), McCain se donne en modèle un Commander in Chief qui fait preuve de retenue dans la gestion des crises. (Dans la Saison 2, David Palmer refuse d'ordonner des représailles contre un Etat arabe suspecté, mais sans preuves, d'avoir orchestré un attentat terroriste aux Etats-Unis).

Choix paradoxal, aussi : David Palmer couvre de son autorité les techniques extrêmes d'interrogatoire de Jack Bauer, alors que McCain, l'ancien prisonnier de guerre, avait contesté le recours à la torture.

Ralph Nader acteur de sitcom

La campagne de Ralph Nader promeut sur Youtube une étrange vidéo "The Obama Girl and Ralph Nader Show": un hybride de sitcom et de comédie musicale.

Cette vidéo, promue par la campagne Nader, présente comme le premier épisode d'une sitcom met en scène Ralph Nader et la fameuse Obama Girl. Nader partage un bureau avec Obama Girl. Elle conseille à Nader de muscler ses messages. La vidéo met également en scène l'ex-Gouverneur du Minnesota indépendant, Jesse Ventura (et ex-catcheur).

West Wing Saison 8 : Let McCain be McCain

Dans l'un des premiers épisodes de The West Wing, le Président Jed Bartlet et Leo McGarry discutent de la difficulté à agir et faire valoir des convictions quand on dépense toute son énergie négocier des compromis avec tout le monde. Le Président a encore perdu 5 points dans les sondages. Un article incendiaire soulignant le manque de cohésion de l'équipe est sur le point d'être publié. Léo annonce au Président qu'il est temps de défendre les valeurs auxquelles il croit. Ils décident ensemble de passer à l'action, de faire prévaloir leurs convictions et les engagements de campagne sur l'objectif d'un second mandat.
"Avez vous une stratégie pour cela ?"
demande le Président. "Let Bartlet be Barlet" répond Léo.

La journaliste républicaine, Peggy Noonan, qui a collaboré à West Wing comme consultante, avait ce dialogue mémorable à l'esprit quand elle a publié en juin dernier, dans le Wall Street Journal, une tribune titrée "Let McCain be McCain". Dans ses relations avec les journalistes comme dans ses interventions à la télévision, elle y conseille au candidat républicain d'être lui-même.

West Wing Saison 8/ Jed Barlet à Barack Obama "Soyez en colère, ce sont des menteurs !"


L'éditorialiste Maureen Dowd (qui fut la compagne d'Aaron Sorkin et inspira, semble t il, le personnage de la journaliste Karen Cahill dans l'épisode The Leadership Breakfast-Saison 2) a imaginé une rencontre entre Barack Obama et Jed Barlet.

Ces dialogues imaginaires ont été publiés dans le New Tork Times au lendemain de la Convention Républicaine.


Bartlet :
Que puis-je faire pour vous, mon petit ?
Obama : Des conseils
Bartlet : Je ne peux pas. Je soutiens déja McCain. Il a promis d'éradiquer le mal et c'est ce que j'aurai bien aimé faire. Il s'est entouré de la meilleure équipe possible pour sortir d'une crise économique.
Obama : Je vous remercie pour votre sens de l'humour, Monsieur le Président, mais j'attends de vous quelques conseils.
Bartlet : Eh bien, il me semble que votre problème est un peu celui que j'ai eu à deux reprises.
Un grand nombre d'Américains pensaient que je pensais leur être supérieur.
Obama : Et comment avez-vous surmonté cela ?
Bartlet : Je ne vais pas vous mentir. Etre un personnage de fiction a été un grand avantage.
L'idée de l'exceptionnalisme américain n'impose pas aux Américains d'être exceptionnels. Vous acez été un brillant universitaire et vous et vous avez du vocabulaire. Les gens qui veulent que l'anglais soit la langue officielle des États-Unis sont mal à l'aise avec des dirigeants qui parlent anglais couramment.
Si au mois vous aviez eu une fille noire
Obama : J' en ai deux.
Bartlet : ... Agée de 17 ans et enceinte d'un adolescent... Pourriez obtenir de Michelle qu'elle tombe enceinte avant la fin de l'automne ?
Obama : Le problème, c'est qu'on ne veut pas donner l'impression que nous sommes en colère.
Bartlet : Laissez moi réfléchir ... Nous sommes partis en guerre contre le mauvais pays, Ben Laden court toujours, ma famille est moins en sécurité qu'il y a huit ans, nous avons perdu des milliards de dollars, des millions d'emplois, des milliers de vies et nous avons perdu toute une ville à cause de la météo. Moi, je suis plutôt en colère.
Obama : Que feriez-vous?
Bartlet : Mettez vous en colère ! Traitez les de menteurs, parce que c'est ce qu'ils sont. Vous avez été élevé par une mère célibataire. Comment un type qui posséde huit maisons et qui a fait l'Académie navale d'Annapolis peut avoir le front de vous présenter comme appartenant à l'élite? Si vous ne faites rien d'autre, au moins essayez de retourner ce mot. Elite, c'est un joli mot, cela veut dire être au-dessus de la moyenne. Je leur demanderai de m'expliquer le problème qu'ils ont avec avec l'excellence. Pendant que vous y êtes, je veux que le mot "patriote" soit de retour. McCain peut dire que la question majeure de notre temps est celle de la propagation du fanatisme islamique ou il peut choisir un candidat à la vice-présidence qui ne distingue pas la doctrine de Bush de celle de Monroe, mais il ne peut pas faire les deux en même temps. Ils doivent mentir. Soyez en colère. McCain dénonce les agents de l'intolérance, alors choisi une vice-présidente qui censure des livres dans une bibliothèque publique. Palin pense que la Terre a été créé en six jours il y a 6000 ans avec un homme, une femme et un serpent qui parle. Elle veut que nos écoles forment nos enfants à ignorer la géologie, l'anthropologie, l'archéologie ...

Vous avez quatre débats télévisés à préparer. Sortez d'ici et retournez travailler.

lundi 29 septembre 2008

Mr Président : la Présidence au miroir d'Hollywod

Extrait du dossier de presse ARTE-Films d'ici


America's politics would now be also America's favorite movie, America's first soap opera, America's best seller.

Norman Mailer

Jusqu’aux années 90, le cinéma américain ne mettait en scène la figure du président des Etats-Unis que par intermittence.
Le POTUS (Président of United States) est désormais présent dans un très grand nombre de films. Comme personnage principal, ou au second plan.

Près d’une centaine de films et séries TV depuis le début des années 90.

Les fictions présidentielles traversent tous les genres: comédie romantique, film policier, science-fiction, film catastrophe, thriller politique… Elles mettent en scène des présidents réels (« historiques » ou contemporains) et des Présidents imaginaires (inventés de toutes pièces ou directement inspirés de présidents réels).

Le Président entraîne, à sa suite, tout un cortège de personnages: sa famille, les agents du Secret Service, le Chief of Staff, le conseiller de sécurité nationale, le Chef d’Etat Major interarmées, son équipe, certains voire tous les ministres de son Cabinet, le vice-président.

Pour bâtir leurs récits, les scénaristes font appel à des conseillers ayant travaillé à la Maison-Blanche. Ils puisent dans l’histoire récente ou dans l’actualité la plus brûlante : ils activent ou raniment des controverses de politique intérieure.

L’irréalisme des situations dans lesquels les scénaristes plongent les présidents n’exclut pas un souci scrupuleux dans la reconstitution des lieux (de l’aménagement intérieur d’Air Force One à la topographie du 1600 Pennsylvania Avenue). Ces fictions se déploient dans la quasi-totalité de la Maison-Blanche : elles nous font pénétrer dans la Bedroom présidentielle comme dans la Situation Room.

Les épreuves auxquelles Hollywood soumet les présidents, les situations dans lesquelles elle les plonge, mettent à jour les craintes, les doutes, comme la confiance en elle-même de la société américaine: son exceptionnelle vitalité mais aussi ses zones d’ombre.

Combinant extraits de films et de séries télévisées, archives, interviews, tournages sur les hauts lieux de cette géographie présidentielle, nous nous proposons d’explorer les ressorts et les recettes de cette « fabrique de présidents ».

Trois fils directeurs

Trois fils directeurs nous guident à travers l’exploration de cette « fabrique de Présidents ».

Le premier fil directeur s’inscrit à l‘intérieur de la double économie, commerciale et narrative, d’Hollywood.
Economie commerciale : pourquoi les studios produisent-ils des films Présidentiels et surtout pourquoi en produisent-ils autant ? Economie narrative : comment les Présidents sont-ils mis en fiction ?
On s’intéresse en particulier à cette logique de « récurrence » qui se met en place, de fiction présidentielle en fiction présidentielle, depuis plus de 40 ans. Récurrence des situations auxquelles le chef de l’exécutif est confronté ou qu’il doit surmonter.
Récurrence, aussi, des acteurs qui incarnent, de film en film, le Président. Récurrence, enfin, du décor de la Maison-Blanche.
Une logique quasi-feuilletonesque, qui confère aux fictions présidentielles tous les traits d’une série. Et ce, avant même que la télévision ne transforme, avec « West Wing » et « Commander in Chief » la série des fictions présidentielles en séries-TV présidentielles.


Le second fil directeur est politique. Il procède d’un constat : les fictions présidentielles au cours des quinze dernières années (et singulièrement depuis le 11 septembre) accorde une place prééminente aux prérogatives internationales et militaires du POTUS.
La « fabrique des présidents » met en scène et théâtralise le Président dans son rôle constitutionnel de « Commander in Chief ». Elles nous font vivre ou revivre les grands moments de la Guerre Froide, les « conflits de basse intensité » des années 70, les « guerres humanitaires » des années 90, les « opérations spéciales » de la lutte antiterroriste. Elles brassent, entremêlent souvent , les ennemis d’hier et ceux d’aujourd’hui.

Le troisième fil directeur nous conduit à observer les télescopages qui s’opèrent entre les « fictions présidentielles » et la vie politique réelle. On s’interroge, sur les effets proprement politiques des fictions présidentielles.

La Fabrique des Présidents

Les Pères Fondateurs avaient souhaité limiter les pouvoirs du Président. Ils seraient surpris de voir la place centrale que le Président occupe aujourd’hui dans le système politique américain. Et ils seraient surpris de découvrir toutes les choses qu’il peut faire dans les films.

Voici quelques recettes pour le succès d’une fiction.

Les acteurs-présidents

Le choix des acteurs contribue à cette impression de feuilleton.
Ainsi, Martin Sheen a interprété le Chief of Staff d’un président, Robert Kennedy, John Kennedy, avant d’incarner Josiah exécutif.
Alan Alda joue le Président dans « Canadian Bacon » (1995), puis le candidat républicain dans « West Wing », en 2006.
Cette surexposition de la figure présidentielle au cinéma se prolonge à la télévision avec « West Wing » (sept saisons, 1999-2006), « Commander in chief » et « 24 heures » (sept saisons, depuis 2001). 24 heures a d’ores et déjà « consommé » quatre présidents: David Palmer, John Keeler, Charles Logan et Wayne Palmer.

Une géographie du pouvoir : 1600 Pennsylvania Avenue

L’unicité du lieu « Maison-Blanche » renforce cette impression de « continuité » des « films présidentiels ». Plusieurs studios disposent de répliques du 1600 Pennsylvania Avenue, plus ou moins précises. « Le Président et Miss Wade » en 1995 a pu être tourné dans le décor qui avait été créé, avec un grand souci du détail, pour « Dave », en 1993. C’est ce décor de la Warner à Burbanks qui a permis de produire, au meilleur coût, le pilote de « West Wing ». Pour les besoins de « West Wing », ce décor a été agrandi et compte désormais parmi les plus imposants du monde. Il a été utilisé depuis pour les tournages de Contact, de « Mars Attacks! » et de « Independence Day ».

Dramaturgies de la Puissance: Le « Commandant en chef »

En situation de guerre, ou de crise, le centre du pouvoir se déplace vers la Maison-Blanche. Le Congrès passe au second plan. Tout remonte vers le Commandant en chef des armées. La Présidence se fait « impériale ».

La bombe atomique avait magnifié les présidents Truman et Eisenhower en maîtres du feu nucléaire. La crise des missiles et celle de Berlin confortent la posture « impériale » de John Kennedy .

Les bases de cette double dramaturgie de la Puissance américaine et de la Présidence ont sans doute été jetées par deux films produits sous la Présidence Kennedy : « Fail-Safe » et « Dr. Strangelove ». Ces deux films placent le Président au coeur d’une crise nucléaire.

En observant avec attention les fictions présidentielles, (singulièrement depuis le 11 septembre), tous genres confondus, nous voyons qu’elles accordent une place prééminente aux prérogatives internationales du chef de l'exécutif : commandant en chef des armées et chef de la diplomatie.

Le Commandant en chef va t il se ranger à l’avis des « Faucons » ou à celui des « Colombes » ?

Caractère, sang-froid, lucidité: les fictions présidentielles dressent ainsi le portrait-robot du « bon Président ». Elles invitent les spectateurs, qui sont aussi des électeurs, à réfléchir sur le type de personne idéale pour jouer ce « rôle ultime ».

Quand le réel dépasse la fiction

Les apparitions télévisées du Président des Etats-Unis mobilisent désormais des techniques directement empruntées à Hollywood. Décor en toile de fond, éclairages, angle des caméras : tout est fait pour mettre en valeur le Président. Amorcée sous Reagan, cette orchestration hollywoodienne de l’imagerie présidentielle a atteint des sommets sous la Présidence Bush. Ses conseillers en communication se sont assurés les services de Scott Sforza, un ex-producteur de la chaine ABC. Rien n’est laissé au hasard.

Sforza a confirmé que pour le discours anniversaire du 11 septembre, les équipes du Président Bush avaient loué trois barges de projecteurs Musco des équipements de lumiere habituellement utilisés pour éclairer les stades et les concerts rock géants.

Lors d’une allocution télévisée en direct du Mont Rushmore, les équipes de la Maison Blanche ont placé les caméras de manière à ce que le profil du Président s’aligne dans la continuité des quatre Présidents.

« Mission accomplie »

Tout le monde a en mémoire l’arrivée en avion du Président Bush à bord du porte-avions nucléaire USS Abraham Lincoln le 1er mai 2003. Le président y annonçait la fin des « opérations de combats majeures ». La tour de commandement du navire arborait une banderole «Mission Accomplished».

L'arrivée en jet, le choix de l’uniforme : cette mise en scène très calculée du Président en chef de guerre parmi ses troupes évoquait irrésistiblement Top Gun (mais aussi le Président Pulman d’Independence Day…)

Jonathan Turley commente cet épisode dans le film :
« George Bush inverse la façon dont sont construites les images présidentielles. Avant, c'était Hollywood qui caricaturait les présidents. Aujourd'hui, c'est comme si le président Bush amenait directement Hollywood dans le bureau ovale. »

Josiah Bartlet : la Présidence virtuelle

Certaines fictions présidentielles opèrent sur le registre de l’évasion face à une réalité politique insatisfaisante. C’est le cas de « West Wing ».
Cette série a démarré en 1999. A partir de l’élection de George Bush Jr, en 2000, « West Wing » (qui durera sept saisons) bénéficie d’audiences exceptionnelles pour une série aux scénarios sophistiqués et aux dialogues exigeants : elle suscite des phénomènes très singuliers d’adhésion dont témoignent toute une série de blogs.

Visiblement, dans cette "fiction consolatrice", une partie du « peuple démocrate » se sentait mieux gouvernée et représentée par ce Président « virtuel ». Les téléspectateurs républicains pouvaient eux aussi adhérer à un Président libéral qui faisait preuve d’autorité, et à une série qui mettait en relief des Républicains vertueux (comme l’adversaire de Matt Santos, incarné par Alan Alda, dans les épisodes 6 et 7).

Selon les mots de John Wells, producteur de « The West Wing » et auteur de nombreux épisodes clés avec Aaron Sorkin :

« Le personnage de Bartlet est devenu une synthèse de toutes nos espérances, de tous les rêves que nous avions pu faire depuis l'adolescence ; c'était la personne pour qui on avait envie de voter. Et quand on trouvait qu'on en donnait une vision un peu trop idéalisée, on faisait marche arrière. Je ne voudrais pas donner l'impression d'être d'un optimisme béat, mais on se disait que si on arrivait à montrer quelqu'un qui répondait à nos attentes, aux attentes et aux espoirs des gens, peut-être que les hommes politiques auraient envie de s'élever un peu, de tendre un peu vers cette image. Ce qui a été le cas d'ailleurs. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre d'hommes politiques qui sont venus visiter les studios de "West Wing" et qui se sont fait prendre en photo avec Martin Sheen ; comme si le simple fait d'être à côté de ce personnage de fiction pouvait améliorer leur propre image. »

Présidentielles 2008 : Hollywood imagine le futur

La concordance de la diffusion de la série « Commander in chief » avec la pré-candidature d’Hillary Clinton a suscité un débat sur la capacité d’une fiction à faire évoluer l’opinion américaine quant aux capacités d’une femme à présider.

Dans cette série (qui a d’ailleurs été interrompue, faute d’audience), on voit une femme accéder à la fonction suprême, suite au décès du Président. Pour asseoir sa légitimité de Chef des armées, elle est amenée à nommer un général au poste de vice-président.
Cette série n’est pas un cas isolé : l’hypothèse d’une Présidence féminine a été esquissée dans plusieurs films tout au long des années 90.

L’apparition de Présidents noirs, intègres et responsables (Morgan Freeman-Tom Beck dans “Deep Impact” ou encore à Dennis Haysbert-David Palmer dans « 24 heures ») a-t-elle préparé les esprits à la candidature de Barack Obama ?
L’élection de Matt Santos (dans la saison 7 de « West Wing ») préfigure-t-elle l’élection d’un Président latino en 2012 ou 2016 ?

Tous ces troublants chassés-croisés suggèrent que la ligne de partage entre la « politique réelle » et ses représentations filmiques est de plus en plus ténue.

mercredi 24 septembre 2008

Mr President sur la RTBF lundi 29 septembre 22:20

Jusqu'aux années 90, le cinéma américain ne mettait en scène la figure du Président des États-Unis que par intermittence. Aujourd'hui, il est désormais présent dans un très grand nombre de films, comme personnage principal ou au second plan, dans près d'une centaine de films et de séries TV. Les fictions présidentielles traversent tous les genres : comédies romantiques, films policiers, science-fiction, films catastrophes, thrillers politiques...

Site de la RTBF

West Wing Saison 8 : Débat télévisé Santos/Obama vs Vinick/McCain

Les trois grands débats télévisés seront décisifs.
McCain et Obama s'y préparent intensivement. Barack Obama a choisi un hôtel de luxe de Floride, avec golf et spa, pour préparer pendant trois jours le débat avec ses conseillers.

Le New York Times présente dans une vidéo la manière dont les deux candidats se comportent dans ce type de débats.

Vont-ils, au cours de leurs training sessions se repasser des images du débat Vinick-Santos (7 ème episode, 7 éme saison de West Wing) diffusé sur NBC le 6 novembre 2005 ?

Tourné dans les conditions d'un débat réel, le débat fut diffusé en direct sur NBC, à l'automne 2005. On voit d'abord les deux candidats dans les coulisses se préparer pour la confrontation, puis pénétrer sur la tribune. Matt Santos traverse l'estrade pour aller serrer la main d'Arnold Vinick, le sénateur de Californie, qui, lui, s'était dirigé directement vers son lutrin. Tout de suite on se demande si Arnold Vinick n'est pas déjà complètement concentré sur ce qu'il veut dire, au point qu'il en oublie les règles élémentaires de la courtoisie. Vinick rend sa poignée de main à Santos avec le sourire légèrement agacé. Déstabilisé ?

Le présentateur vedette de NBC News, Forrest Sawyer, unique modérateur du débat, rappelle les règles du débat: 2 minutes d'opening statement pour chacun des candidats puis des questions posées par Forrest, questions qu'il a lui-même choisies sans rien en révéler aux candidats. Chacun d'entre eux devra répondre à tour de rôle pendant deux minutes, suivies d'un échange de 1 minute qui pourra être augmenté de 30 secondes si Sawyer le décide. Forrest Sawyer précise les règles des lumières jaune et rouge selon qu'il reste ou non 15 secondes à l'intervenant, Matt Santos intervient : "I think it's time on the rules".

On attend l'opening statement de Vinick qui a gagné le tirage au sort. Vinick se tait, puis propose de bazarder les règles ("junk the rules") et d'avoir "a real debate"! "Pas comme au sénat, où vous tiendrez le micro sans le lâcher pendant une heure?" précise Santos, qui accepte.

Les deux acteurs, aidés par un prompteur, improvisent en partie.

Pendant 52 minutes, ils vont s'affronter sur la peine de mort, l'énergie nucléaire, ou les réductions d'impôt. Un débat d'un grand classicisme, Santos assumant une vision du monde démocrate et Vinick une vision du monde républicaine.

Ainsi sur la question de l'immigration.
Vinick : "Appliquer la loi en premier lieu, c'est ma politique. Je doublerai les effectifs des patrouilles de la police des frontières."
Santos : "Je ne sais pas comment vous allez financer le doublement des patrouilles avec la réduction d'impôt que vous proposez "

Un peu plus tard, Santos s'engage à créer un million d'emplois au cours de son mandat.
"Et vous, combien d'emplois allez-vous créer ?" demande Sawyer à Vinick.
Vinick : "Aucun. Ce sont les entrepreneurs qui créent des emplois. Ce sont les entreprises qui créent des emplois. Le Président ne doit pas s’en mêler.
Santos : Lorsque des dirigeants corrompus pillent une entreprise comme Enron, le Président ne doit pas s’en mêler ?
Vinick : Là, il s’agit de fraude, et je les poursuivrai. Mon candidat à la vice-présidence, Ray Sullivan, a poursuivi la criminalité en col blanc, quand il était procureur et mon ministre de la justice sera ferme.
Santos : Lorsque les dirigeants des compagnies aériennes mettent leurs entreprises en faillite pour éviter de payer les retraites des travailleurs qui ont consacré leur vie à ces sociétés, le Président ne doit pas s’en mêler ?
Vinick : Certaines de nos plus anciennes compagnies aériennes ont du mal à répondre à leurs énormes obligations en matiere de retraites face à la concurrence des compagnies aériennes à bas coûts qui sont si jeunes qu’elles n’ont pas encore de retraites à verser. Seul un libéral irréfléchi peut décrire les compagnies aériennes menacées de faillte comme des méchants capitalistes qui ne pensent qu’à gruger leurs travailleurs.
Santos : Je n'ai pas dit cela, Sénateur, ne m’attribuez pas des mots que je n’ai pas prononcés
Vinick : Non, vous n’avez pas dit cela, vous n'êtes pas un libéral irréfléchi. L’êtes vous ?
Santos : Je sais que vous aimez brandir ce mot" libéral "comme s'il s'agissait d'une insulte.
Vinick : Non, je suis désolé. Je n’aurais pas dû utiliser ce mot. Je sais que que chez les démocrates, « libéral » est devenu un gros mot. Comment vous qualifier ? Progressiste ? C’est ça ?
Santos : C'est vrai. Les Républicains fait du mot « liberal » presque une insulte. Ce sont pourtant des libéraux qui ont mis fin à l’esclavage dans ce pays.
Vinick : C’est un président républicain a mis fin à l'esclavage».
Santos : Oui, un libéral républicain, Sénateur. Que sont ils devenus ? Ils ont quitté votre parti. Ce sont des libéraux qui ont donné le droit de vote aux femmes. Ce sont des libéraux qui ont donné le droit de vote aux aux noirs ? Ce sont des libéraux qui ont créé la sécurité sociale et permis à des millions de personnes âgées de sortir de la pauvreté. Ce sont des libéraux qui ont mis fon à la ségrégation. Des libéraux qui ont adopté la loi sur les droits civiques, créé Medicare, adopté le Clean Air Act, la Loi sur l'assainissement de l'eau. Quant aux conservateurs, ils se sont opposés à chacune de ces avancées. Vous me traitez de "libéral", comme si je devais en avoir honte, comme quelque chose de sale, ou quelque chose à fuir. Eh bien, cela ne marchera pas, Sénateur. Parce que j’assume cette étiquette et j’en suis fier.


Les producteurs de West Wing et NBC financèrent même un sondage après le débat présidentiel diffusé en direct sur NBC. Zogby demanda aux téléspectateurs qui l’avait emporté, de Matt Santos ou de d'Arnold Vinick ? Plus intéressant encore : 67% des téléspectateurs de “West Wing” déclarèrent aux sondeurs qu’ils avaient préféré le débat plutôt que le véritable débat entre deux vrais candidats, 77% jugeant les vrais débats présidentiels trop prévisibles.




lundi 22 septembre 2008

Canada : Mr. President le 29 septembre sur CBC

Mr. President Monday September 29 at 10 pm ET/PT on CBC Newsworld. Repeats on Sat. October 4 at 10 pm ET/PT.

As we try to understand what it means to be president of the United States, one of the increasingly powerful influences is fiction, in particular the hundreds of hours of TV and movies that have made "stars" of the men and women who work in the Oval Office.

In 2008, the election of the President of the United States will have effects beyond America's frontiers and will influence future world events in far-away countries. What problems will this new President face? How will he react? And what will he (or she) look like?

As we try to understand what it means to be president, one of the places we turn to for examples is fiction. Hollywood has fictionalized the lives of numerous real presidents and created dozens of imaginary ones (over 60 films in the last 15 years alone). Recently, Mr. (or Madam) President has become an international star thanks to TV series (West Wing, 24, Commander-in-Chief). Combining clips from films and TV series, archives, interviews (historians, journalists, actors, directors, screenwriters, speechwriters and political analysts), and footage from key Presidential locations, this documentary explores the resources and recipes behind this "presidential factory" and examines various interconnections between political life and "presidential fiction."

Mr. President was produced by Serge Lalou and Mark Edwards in coproduction with Les Films d'Ici - ARTE France.

mercredi 17 septembre 2008

Faut il avoir été militaire pour être Commander in Chief ?

Brave New PAC - un comité d'action politique affilié à Brave New Films - diffuse une vidéo qui met en doute les capacités de John McCain à exercer les foctions de Commander in Chief. Phillip Butler, ancien prisonnier de guerre Guerre au Vietnam, a connu John McCain à cette époque. "Il était connu comme un gars très instable. John McCain n'est pas quelqu'un que j'aimerais voir trop prés du bouton nucléaire".



John McCain a fait de son passé militaire un ressort essentiel de sa campagne. Sur un triple registre.
  • Son comportement comme "Prisoner of war" (POW) des vietnamiens atteste de son patriotisme. (Voir Mc Cain, War hero)
  • Ayant eu l'expérience du combat, il aura à coeur de ne pas gaspiller des vies américaines."Seuls un imbécile ou un escroc parlent de la guerre de manière romantique. Alors que je n'avais que cinq ans mon père est parti pour la guerre. Quand mon grand-père est rentré à la maison de la guerre, il est mort le lendemain. J'ai été blessé par balle au Vietnam et j'ai passé cinq ans comme un prisonnier de guerre. ". (Voir McCain marie l'esthétique de Bruckheimer et l'éthique de John Wayne)
  • Surtout, son expérience militaire le qualifie à la fonction suprême de Commander in Chief.
Le général Wesley Clark avait soulevé une controverse en affirmant que le service militaire de John McCain ne le qualifiait pas spécialement pour être commandant en chef. «En fait, je ne pense pas que le fait d’avoir piloté un avion de chasse et d’avoir été touché par des tirs ennemis constitue une qualification pour être président.»


Barack Obama avait pris ses distances avec mes propos de Wesley Clark. «Pour ceux qui, comme John McCain, ont subi des tourments physiques au service de notre pays, aucune autre preuve de ce sacrifice n’est nécessaire. Et laissez-moi ajouter que personne ne devrait jamais déprécier ce service, surtout pas dans le cadre d’une campagne politique, et cela vaut pour les supporteurs des deux partis.» (Obama avait également critiqué MoveOn.org pour sa campagne Betray Us.