En quinze ans, pas moins de soixante films, dans des registres très variés (thriller, drame, comédie, satire), ont mis en scène un président fictif ou réel - qu'il s'agisse d'Abraham Lincoln ou de Bill Clinton. Le chef de l'Etat est donc devenu un (anti)héros récurrent sur grand écran. Comme il l'est également à la télévision, où les scénaristes de séries contribuent à faire évoluer les mentalités. « Commander in chief » a intronisé une femme dans le bureau ovale et « 24 heures chrono » un Afro-Américain en la personne de l'intègre et charismatique David Palmer (Dennis Haysbert).Télérama
Quel président intéresse le plus les habitants des Etats-Unis ? Celui qui campe dans le Bureau ovale ou celui qui hante les films et les séries d'outre-Atlantique ? A en croire les producteurs, journalistes et scénaristes rencontrés par les auteurs, il n'est plus possible de dissocier les deux : désormais, la figure présidentielle américaine ne se nourrit plus seulement de faits et de références historiques, mais de l'impressionnante collection de représentations, plus ou moins idéalisées, que fournissent le cinéma et la télévision.Pourquoi n'avons-nous de "West Wing" à la française ?
Dans ce cas, jusqu'à quel point l'imaginaire du citoyen va-t-il déterminer son comportement lors d'élections qui ressemblent de plus en plus à un casting géant ? Y a-t-il danger de confusion avec la réalité, et, par extension, péril pour la démocratie, surtout si la fiction rend acceptable, et même souhaitable, l'idée que le président doit être au-dessus des lois ? Ou peut-on, au contraire, y trouver un moyen de faire avancer la société, en lui proposant des profils inattendus ?
Emilio Pacull répond à ces questions par des analyses aussi passionnantes que fouillées, judicieusement illustrées par de nombreux extraits d'oeuvres aux tons très différents.
Son documentaire s'ouvre et se referme sur le plus saisissant parallèle jamais offert par le petit écran : la campagne électorale du député latino Matt Santos dans la série West Wing, désormais indissociable (et pour cause) de celle d'un certain sénateur afro-américain...
« Mr Président » (...) confronte l’image que donnent les nombreuses fictions où, contrairement à la France, les apparitions du personnage du président des États-Unis dans les séries télévisées et les thrillers américains sont de plus en plus fréquentes. Comédies romantiques, films policiers, science-fiction, films catastrophes, thrillers politiques, les scénaristes d’Hollywood font intervenir de plus en plus souvent le personnage du président des États-Unis. Jusqu'aux années 90, le cinéma américain ne mettait en scène cette figure politique majeure que de manière occasionnelle.
Comment expliquer cette évolution ? Répond-elle à une demande du public ? Pour bâtir leurs récits, les scénaristes font appel à des conseillers ayant travaillé à la Maison-Blanche. Ils n'hésitent pas à puiser dans l'histoire récente ou dans l'actualité. La toute-puissance des chaînes d'information a-t-elle suscité un désir de voir se mêler réalité et fiction ? Et surtout comment la fiction agit sur la réalité ? Le Président noir Palmer dans 24 heures chrono aura-t-il une influence sur le vote Obama ? De West Wing à Commander in Chief, la ligne de partage entre les fictions hollywoodiennes et la vie politique est de plus en plus ténue.
Mister President, en une heure, d’un passionnant documentaire réussit par ses allers-retours à décoder cette particularité américaine qu’est aux USA le personnage récurrent du Président dans la fiction. Emilio Pacull, le réalisateur, et Maurice Ronai, le scénariste, avaient réalsé un premier volet de leur enquête avec « Opération Hollywood », sur cette manière unique dont la puissance américaine se représente, se met en scène et se projette.
Une question: Pourquoi en France, ces apparitions se comptent-elles sur les doigts d’une seule main, même en y incluant « Le Président » d’Henri Verneuil, avec Jean Gabin, sorti en 1961 ?
Politis : Chefs de l'image
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Dans l’entre-deux-guerres, Griffith, Capra, Curtis et Ford mettent leur talent au service d’une légende. Le Président américain se pose en personnage au destin particulier. Avec son visage gravé sur une pièce de monnaie. L’histoire sur grand écran s’est répétée. Fail-Safe, de Lumet, Secret Honor, d’Altman, Wag The Dog, de Levison, Air Force One, de Petersen, Independence Day, d’Emmerich… Hollywood ne se lasse pas de mettre le président des États-Unis en fiction. Dans les quinze dernières années, il a été le personnage principal de plus de soixante films. Une surexposition vite relayée par la télévision avec des séries comme Commander in Chief ou 24 Heures chrono. Emilio Pacull rassemble ici les témoignages de scénaristes, de journalistes, de producteurs pour commenter films et séries qui tendent à façonner une fonction présidentielle idéale, quand tout se perd dans la magie des écrans.
En Allemagne :Au Canada : Globe and Mail : A French doc looks at why film and TV presidents are handsome and competent En Belgique : Mr President vu par la presse belge
- Amerikanische Präsidenten im Film Das Weiße Haus taugt auch als Studio (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
- Ein Wahlkampf wie nach dem Drehbuch
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