Fils et petit-fils d'amiral, John McCain opère sur un triple registre.
- Pilote de l'aéronavale, son comportement comme "Prisoner of war" (POW) au Vietnam atteste de son courage et de son patriotisme. (Voir Mc Cain, War hero)
- Ayant eu l'expérience du combat, il aura à coeur de ne pas gaspiller des vies américaines."Seuls un imbécile ou un escroc parlent de la guerre de manière romantique. Alors que je n'avais que cinq ans mon père est parti pour la guerre. Quand mon grand-père est rentré à la maison de la guerre, il est mort le lendemain. J'ai été blessé par balle au Vietnam et j'ai passé cinq ans comme un prisonnier de guerre. ". (Voir McCain marie l'esthétique de Bruckheimer et l'éthique de John Wayne)
- Enfin, son expérience militaire le qualifie pour prendre les décisions suprêmes qui engagent l'avenir et la sécurité du pays : il se pose en "wartime president". (La nature exacte de ses compétences militaires est d'ailleurs controversée).
Le fait d'être passé par l'armée constitue t il un atout pour se faire élire ? Faut il avoir une expérience militaire, voire une expérience du combat, pour exercer la fonction suprême de Commander in Chief ?
Pour répondre à cette même questions, le citoyen américain puisera dans sa mémoire : une mémoire largement modelée par les fictions présidentielles, que celles-ci mettent en scène des Présidents historiques ou des Présidents imaginaires.
- Les citoyens américains savent sans doute (souvent grâce à des films et des séries TV) qu'Eisenhower était général et JFK un héros de la guerre dans le Pacifique.
- Les plus âgés auront peut être en mémoire que Franklin D. Roosevelt avait été secrétaire adjoint à la marine du président Woodrow Wilson, que Lyndon Johnson, Richard Nixon, Gerald Ford et George H. Bush servirent en temps de guerre dans la marine. (Jimmy Carter fut officier de carrière sur un sous-marin nucléaire.
- Ceux qui s'intéressent aux campagnes de 2000 et 2004 se souviennent probablement que John Kerry comme Al Gore servirent au Vietnam ( à la différence de George W. Bush, prudemment affecté à la Garde Nationale).
- S'agissant de Ronald Reagan, le souvenir est probablement plus confus : Reagan a bien été mobilisé en 1942 mais ce fut pour "jouer la guerre" à Hollywood.
Dans la plupart des fictions présidentielles des années 1090-2000, le Président est un civil.
Comme Bill Clinton, qui inspira largement la vague de films présidentiels des années 90, les Presidents Andrew Shepherd (Michael Douglas, The American President), Jackson Evans (Jeff Bridges, The Contender), Robert Baker (Roy Scheider, The Peacekeeper) , Edward Bennett (Donal Moffat, Clear and Present Danger) , Monroe "Eagle" Cole (Gene Hackman, Welcome to Mooseport, Robert Folwler (James Cromwell, The Sum of All Fears), par exemple, sont tous des civils.
S'agissant des "Prime-Time Présidents" (pour reprendre l'expression de Trevor Parry-Giles and Shawn J. Parry-Giles pour désigner les Présidents dans les séries TV), aucun n'a de passé militaire.
- Rien n'indique que le Président David Palmer de 24 heures soit passé par l'armée. En revanche, dans l'esprit du public, un brouillage s'opère fatalement entre l'acteur Dennis Haysbert (qui a souvent incarné des policiers et des militaires, notamment dans la série The Unit, une unité militaire secrète inspirée de la Delta Force) et le personnage de Président qu'il incarne dans 24 heures.
- Dans West Wing/A la Maison Blanche, le Président Josiah Bartlet (Martin Sheen) est un civil qui est passé de l'Université à la politique. Intimidé, dans un premier temps, à l'idée de devoir prendre des décisions qui engagent la vie de citoyens de soldats américains, il impose trés vite son autorité sur les chefs militaires, à commencer par l'Amiral Percy Fitzwallace, chef d'état-major interarmes, avec qui il noue une relation de confiance.
- La Présidente McKenzie Allen (Geena Davis) dans Commander in Chief n'a, elle aussi, aucune expérience militaire. C'est d'ailleurs l'un ressorts de la série que de voir comment une femme va exercer la fonction de Commander in Chief (d'où le titre) et s'imposer face aux chefs militaires.
Scott Baron rappelle que sur les 43 Présidents des Etats-Unis, seuls 25 étaient passés par l'armée. Et qu'avoir été un général célèbre ne garantit en rien de se faire élire : Winfield Scott Hancock et Douglas MacArthur concoururent à la Maison Blanche sans succès.
Voir aussi : Faut il avoir été militaire pour être Commander in Chief ? Le cas McCain
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